interrogatoire de l'espionne Veil Zendriss

L'espionne fut accompagnée jusqu'à un couloir dérobé, caché par deux systèmes holographiques qui représentaient des murs épais. Au fond du couloir se trouvait un grand ascenseur, qui fit descendre les trois médecins, les deux Gardes de l'Ombre et la Jedi quelques 6000 mètres plus bas, après une longue attente.

Les Cachots secrets du Palais des Vestiges s'ouvrirent devant eux. Un million et demi de grands criminels, terroristes, ennemis de l'Etat, étaient enfermés ici, dans le fin fond du Tartare de Bastion. La lumière qui filtrait jusqu'ici était aveuglante pour les êtres pensants à l'esprit brisé par les privations, les tortures, et l'atmosphère très lourd qui régnait ici.
C'était le visage le plus noir que puisse jamais montrer l'Empire. Héritage oublié de Palpatine, ce lieu infernal, au taux de mortalité exagérément élevé, puait le Côté Obscur de la Force, qui imprégnait l'air. Il en résultait une douleur aussi bien physique que psychologique pour les mécréants qui avaient commis la terrible erreur de chatouiller les Empereurs et les Grands Moffs de l'Empire, puis des Vestiges.

Veil fut conduite dans une salle plus accueillante, celle réservée à l'étude des secrets des espions de l'Empire. La lumière était douce, et l'atmosphère si lourde, suffocante, de la Prison, était soudain agréable. Les hurlements des torturés ne se faisaient plus entendre, enfin. Dix Shadow Guards prirent le relais des deux autres, qui remontèrent l'ascenseur. Dans la pièce, fraîche par rapport à l'humidité lourde et la chaleur extrême qui régnait juste à côté, patientaient d'autres médecins, remplaçant les bourreaux habituels, escortés de quatre assistants médicaux FX-8, d'un droïde médical 2-1B, et d'un mental-scope d'un nouveau type. Celui-ci pouvait extraire les informations nécessaires sans abîmer le sujet, ou même le torturer. Il faisait un mètre cinquante de haut, et ne flottait pas, contrairement à ses prédécesseurs.
Le médecin en chef fit:

-Début de l'étude du patient immatriculé 3B-3HD bis, dans la salle d'interrogatoire secrète n°666...

Veil traversa la prison en nota bien l'itinéraire suivi, au cas où, et fut frappée par la sensation d'ombre qui s'en dégageait. Autant, il était normal que les prisons ne soient pas des camps de vacances vus les tarés qu'elles pouvaient abriter, autant la zeltrone n'était pas pour la torture, loin de là. Son empathie était de toutes façons trop aigüe, même si elle avait été sadique, et elle privilégiait généralement des solutions propres et expéditives à ce genre de réjouissances. Autant, elle s'y était attendue, autant elle n'aimait pas cette atmosphère et fut soulagée lorsqu'elle passa dans l'autre pièce... Mais elle n'oublierait pas ce qu'elle avait ressenti lors de sa traversée de la prison. Ce serait inscrit au passif de l'Empire, et lorsque l'occasion se présenterait, elle rembourserait cette dette à la façon que son maître jedi gris lui avait inculquée : "Un homme qui prend une vie doit la sienne.". Elle ne tuerait pas l'Empereur certes, mais d'autres impériaux finiraient par payer pour lui. Un mort pour un mort. C'était peu, mais elle apporterait sa contribution à la justice.

Entrant dans la salle d'interrogatoire, donc, elle s'assit sur le siège central, se retournant vers les médecins et autres gardes avec un petit sourire. Autant de personnes pour elle seule, c'était flatteur. Elle laissa parler le médecin qui annonçait le début de l'interrogatoire, et attendit de voir comment ça allait se passer. Bien entendu, elle était visiblement détendue, comme d'habitude, mais se méfiait intérieurement et était prête à réagir en cas d'arnaque.

La salle d'interrogatoire était truffée d'éléments médicaux variés. Le médecin en chef dicta les ordres:

-Médecins un et trois, inoculez le sédatif au bras droit. Médecin deux, installez les électrodes cérébrales sur mademoiselle. 2-1B, installez les câbles de connexion neuronales. FX-8, aidez-le. Médecin quatre, configurez l'électroencéphalogramme, et le contrôleur des inhibitions cérébro-musculaires...

Le médecin en chef s'occupa quant à lui du mental-scope. Celui-ci vrombit subitement, les diodes électroluminescentes de son corps s'allumèrent alors que les complexes processeurs du robot se connectaient.
Ce dernier se présenta au patient, et expliqua la conduite à tenir:

-Veuillez vous détendre, 3B-3HD bis. Décontractez vos muscles abdominaux et ceux des membres supérieurs. Concentrez-vous sur l'épisode concerné... (hésitation) Votre mission parmi les extragalactiques. Veuillez commencer le récit mémoriel à partir de... (hésitation) Votre arrivée en orbite de Dantooine. Rappelez-vous un maximum de détails. Vous finirez le récit mémoriel à... (hésitation) La fin de votre mission: votre arrivée en orbite de Bastion.
(silence)
Début de l'extraction de données cérébrales... Début de la visualisation mémorielle... Enregistrements en cours...

Le robot apposa durant son discours ses pinces et des seringues multiples; une électrode supplémentaire fut ajoutée aux précédentes. Les seringues pénétrèrent les tempes de la Zeltron qui eut une crise de douleur aussi violente qu'instantanée. La souffrance disparut aussi vite qu'elle était venue, par l'effet des sédatifs...

Veil se détendit, mais eut une grimace de douleur lorsque les aiguilles lui perforait les tempes. Elle n'aimait pas ça, vraiment pas, mais si c'était la condition pour être payée et sortir de là, autant s'y plier. Heureusement pour eux, elle avait une très bonne mémoire visuelle : ils en seraient sans doute contents. Alors, contrôlant ses pensées un maximum et les clarifiant, elle commença à re-visualiser chaque élément de son voyage. L'approche du croiseur Matalok. L'atterrissage devant les Vong après avoir pris un maximum de mesures. Les tests médicaux qu'on lui avait fait subir, les six hommes envoyés mourir, tués par le Yammosk. L'entraînement en extérieur, à bord des vaisseaux coopérant avec les coraux skippers, puis l'entraînement terrestre.

Les souvenirs se firent plus sombres, teintés de ses sentiments et sensations alors qu'elle combattait l'apprenti du général, l'éliminait puis était témoin du meurtre de son équipage. Celui-ci avait été intercalé quelques fois entre les souvenirs plus importants, dénotant le fait qu'elle avait quand même tissé certains liens superficiels avec ceux qui étaient sous ses ordres mais qu'elle n'avait pas pu sauver. Toujours concentrée, le regard fixe, elle passa à son évasion, le Voxyn, puis le vaisseau, les missiles tirés en plein dans le hangar et l'appareil lancé à pleine vitesse pour en sortir et combattre les poursuivants... Puis elle entrait dans l'hyperespace, et, après une période de noir complet, se réveillait dans une cuve de Bacta chez les impériaux.

Autant qu'elle se souvienne, c'était à peu près tout. Bien entendu, certains détails marquants, comme le fait que la nourriture et autres instruments chirurgicaux aient été vivants comme toute la technologie Vong, semblaient plus frais et plus vifs parce qu'ils avaient attiré son attention... Mais insuffisament pour qu'elle n'oublie le reste. Dans son esprit, tout semblait clair. Espérons que ça leur suffise.

Soudain, Veil sombra dans un sommeil sans rêve. Un rêve pesant, qui n'avait rien de réconfortant ou de réparateur. Elle resta ainsi, vaguement consciente que les médecins et robots se relayaient, effectuaient calculs et graphiques compliqués.
Quand elle se réveilla, trois heures plus tard, elle était épuisée. Elle ne souffrait pas, ses tempes ayant été soignées par du bacta raffiné.
Si elle savait qu'elle ne pourrait pas divulguer les secrets qu'elle avait elle-même recueillis, elle ne pouvait se rendre compte du changement minime effectué.
Le médecin qui dirigeait l'opération la prévint que tout était terminé, que tout s'était bien passé, et qu'elle devait se rendre de nouveau chez l'Empereur pour toucher l'intégralité de sa paie. On lui signala que les informations recueillies seraient intégralement traitées par les services secrets impériaux, et que ses souvenirs intimes étaient intacts, et n'avaient pas été enregistrés, ou même visionnés par le mental-scope.

Quand l'espionne -qui touchait à la fin de son contrat-, prit le chemin de l'ascenseur, elle put remarquer que la torture avait cessé, les pleurs de désespoir remplaçant les hurlements stridents des victimes. Les portes blindées de l'ascenseur se referma sur elle, accompagnée de deux Shadow Guards, cachant le Tartare impérial.

[SUITE DANS LES APPARTEMENTS DE L'EMPEREUR TENEBRIS]

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